Nous, les associations Vélocampus et Association Vélo Besançon (AVB), militons chacune à notre façon, pour démocratiser le vélo comme un moyen de transport quotidien. Toutes deux sommes directement concernées par les politiques d’Emmanuel Macron et de son gouvernement, parce qu’avec la fin des contrats aidés, c’est la vitalité du secteur associatif dont nous faisons partie qui est menacée. Loin de compenser la fin de ces contrats aidés par des moyens pour créer des emplois décents et pérennes dans l’économie sociale et solidaire, nous assistons à une paupérisation des collectivités locales avec des baisses de dotations et la fin de la taxe d’habitation. Cela compromet non seulement la pérennité de nos associations mais aussi – et surtout – les possibilités de réalisation de notre objet social. Car dans des municipalités exsangues, on ne pourra pas mener les grands chantiers nécessaires à la transition écologique, au développement du vélo et des transports publics.
Nous nous opposons aussi à la mise en concurrence du rail et souhaitons un rééquilibrage des financements publics du routier vers le ferroviaire. Nous considérons la mobilité comme un tout et soutenons qu’une société écologique, où la place de la voiture individuelle serait considérablement réduite, est possible si nous recourons aux bonnes politiques. Nous pensons que le train est le moyen de transport le plus pertinent pour relier entre elles des villes à l’intérieur desquelles le vélo assurerait l’essentiel des déplacements. Un service ferroviaire totalement public est un levier indispensable pour sortir la société française de sa dépendance à la voiture individuelle. Or, avec l’ouverture à la concurrence du transport de passagers, le train deviendra anecdotique de la même façon que le transport ferré de marchandises s’est effondré depuis son ouverture à la concurrence en 2006. À cette date, Fret SNCF transportait 41,2 Gt/km. En 2016, le trafic atteint péniblement 32,6 Gt/km, tous opérateurs confondus. Cela représente 1 800 000 camions en plus sur les routes et ce trafic poids-lourds important sert aujourd’hui de justification première à l’élargissement de la RN57 en plein Besançon! Nul n’est besoin d’expliquer pourquoi un tel projet est catastrophique pour notre but associatif : le développement du vélo à Besançon. Nous craignons aussi pour le futur de la combinaison train et vélo. Pensez-vous que des sociétés privées offriront le transport gratuit des vélos dans les trains? Le 5 Mai, nous serons donc aux côtés des cheminots.
Ensuite, nous nous insurgeons contre de nombreuses mesures anti-écologiques scandaleuses qui sont passées en catimini, sans débats parlementaires et sans concertations publiques. Comme le décret 2017-1845 du 29 décembre 2017 qui autorise certaines préfectures – dont celle du Doubs – à déroger aux normes sur l’environnement, l’aménagement du territoire et la politique de la ville. La loi Élan prévoit des dérégulations dans le secteur de la construction et de l’aménagement. Tout cela n’est pas sans rappeler le sinistre article 29 de la loi Macron de 2015 qui rend impossible la démolition de constructions sans permis. On est face à un président qui souhaite libéraliser l’économie, mais ne prend pas conscience de l’impact écologique et urbanistique de ses mesures : bétonnage et étalement des villes. Or, cela nous concerne au premier chef.
Enfin, ce qui nous concerne tous, qu’on soit écologiste ou pas, qu’on soit de droite ou de gauche, qu’on soit à pied, à vélo ou en voiture, c’est le peu de cas que ce gouvernement fait de la démocratie. Les réformes s’enchaînent sans passer par le parlement, la réorganisation de la haute fonction publique aggrave l’hypercentralisation du pouvoir, le droit de manifester est menacé, les dénis du droit à la presse se multiplient, l’état d’urgence est entré dans le droit commun en véritable violation de l’État de droit. Ce seul dernier point aurait mérité dès octobre une opposition sans compromis. On ne transige pas avec la démocratie, c’est précieux et c’est fragile!
Arrêtons donc ces réformes idéologiques et aveugles avant qu’un point de non-retour ne soit atteint. Nous serons présents à la manifestation du 5 Mai. Et l’association Vélocampus sera symboliquement en grève le jeudi 3 mai. Les permanences d’auto-réparation ne seront donc pas assurées. L’atelier, en tant que lieu, sera mis à disposition de toute personne motivée à nous aider à préparer le 5 Mai, en peignant des banderoles ou en bricolant des vélos pour le cortège.